Musicien, plasticien et photographe.
Né le 1er juillet 1980 à Château-Gontier, SMITH SMITH, alias Frédéric DROUIN, est un "poly artiste" Nantais.
Il rejoint les artistes labellisés Maecene Arts en 2014.
Frédéric DROUIN alias Druide Forn ou Forn(ication) Druid(e)
Racol(l)ages
L'art du collage date du début du vingtième siècle: PICASSO, BRAQUE, GRIS, MATISSE, sont des précurseurs, même si des formes plus anciennes de collages existent auparavant. Les matériaux du collage ont d'abord permis de remplacer dans la peinture des éléments ou fragments de la réalité qui devenaient inutiles à imiter. Le collage est historiquement associé à la peinture, au dessin, et plus tard à la photo avec les montages Pop Art. Il s'étend à partir des années 1910 aux différentes branches de la culture (arts visuels, musique, théâtre, littérature), aux avant-gardes successives. Les orientations, les motivations vont évoluer bien au-delà des préoccupations plastiques formelles du Cubisme. Artistes et écrivains vont suivant leur personnalité respective, puiser dans le concret, l'existant, toutes sortes d'images hétéroclites, de codes, de fragments, détourner, transfigurer, bousculer, émanciper, renverser toutes conventions, créer de nouvelles et infinies ruptu réalités. Du nihilisme Dadaïste à la recherche poétique et à l'esthétique surréaliste, l'éventail créatif du collagisme est pluriel, surprenant, a priori incohérent, multi-directionnel, entre humour noir, ironie, désirs (Éros et Thanatos), scandales, rêves étranges, imaginaires, jeux d'interdits, violence tranchante, résonances mystérieuses sans exhaustivité.
L'art du collage tel que le pratique Frédéric DROUIN s'inscrit dans cette mouvance perturbatrice, libertaire, humoristique, cette nouvelle beauté désignée par LAUTRÉAMONT dans les Chants de Maldoror "comme la rencontre fortuite d'un parapluie et d'une machine à coudre sur une table de dissection". Ses collages sont une forme de "réincArtnation" au même titre que les palettes industrielles qui feront l'objet d'étude du second carnet. Il n'est donc pas un récupérateur mais un "détournArteur".
Une sève surréaliste traverse à demi-mots ses collages, se répand en demi-ton. La filiation du créateur ne fait pas son identité, elle l'amorce: sa liberté de penser, son goût pour la beauté de l'inapproprié ne permettent pas de rétro coller pour simplifier. Sa personnalité créatrice est en exploration permanente. Prenons garde aux images, au poids des mots! S'il s'inspire naturellement, il cherche aussi et surtout à s'écarter, à développer de nouvelles ondes de choc, d'autres circulations sur une planète étrangère, une palette de collages, de galaxies formelles où les césures sont ses brisures imaginaires, les résonances ses rimes, les couleurs ses musiques d'aujourd'hui, les défragmentations ses rythmes sonores expérimentaux. Au-delà du Surréalisme dont il est bien empreint, le collage a pour lui vocation d'exprimer ses idées, de traduire des magies en anagrammes (images), de poser des questions contemporaines, de décrire des aires intempestives de poésie décalée, des airs électro-acoustiques, des opus des arts sonnants. L'artiste pluripartiste refuse les plis, l'espace euclidien, les modèles. Il combine toutes les fioles (folies) pour voir même à son insu quel son en sortira; se garde bien de répondre aux questions soulevées pourvu qu'on décolle avec lui, qu'on voyage recto verso. Musicien confirmé, il est une forme de John CAGE du Collage!
Pour une poignée de collages en plus
Digression Surréaliste
"Si ce sont les plumes qui font le plumage, ce n'est pas la colle qui fait le collage" disait Max ERNST. Le collage est la phase d'aboutissement du protocole, il faut en déambulatoire se livrer à des examens préparatoires, des prélèvements, collecter des images disparates, défaire, refaire, amputer, transfuser, jouer avec les conjugaisons de temps, l'aléatoire.
Ces démarches s'apparentent à des expériences de laboratoire à ciel ouvert, des actes opératoires délibérés.
Après une dissection du réel au scalpel, le chirurgien amnésique manipule. Le druide Articule la verve dans le désordre, exorcise les alchimies mouvantes, les couleurs, les sonorités intarissables, les fragrances. Il met au feu les passerelles, réincarne librement éclatements, compresses; il trompe le temps qui ressurgit. L'artiste instrumentiste soigne les craquelures, se colle à une dimension inexplorée, désaliénante, du réel. Le traitement dénonce, sans prescriptions ni restrictions, contre-indications. Les effets sont tels de la colle, secondaires, hallucinants, incandescents!
Frédéric DROUIN a réalisé quelques collages collaboratifs à distances interstellaires avec des amis artistes. Ces compilations à quatre mains offrent des ouvertures atypiques fécondes, une palette de styles, de sensibilités et de points de vue, mais aussi parfois de techniques entre collages à la main et collages numériques. L'orchestration en duo rend compte de l'étendue des possibilités d'une pensée fragmentaire à une autre, des jeux de circularités, de métissages entre dissonances, "l'interpénétration sans obstruction" revendiquée par John CAGE.
On peut être à distance et se retrouver dans un lieu commun à la fois singulier et pluriel. L'expérience est facilitée par les échanges internet. Ces collages en collaboration par ricochet rappellent les Cadavres Exquis, les Vases communicants Surréalistes. Plusieurs collages proposés ici sont le fruit d'une collaboration créatrice porteuse d'avenir. La célèbre formule de Max ERNST sur le collage qui serait "l'exploitation de la rencontre fortuite de deux réalités distantes sur un plan non convenant" s'étend merveilleusement à ces des à corps identitaires. Il n'est pas forcément nécessaire pour qu'il y ait collage de faire usage de la colle, l'assemblage peut se faire à distance, il est avant tout mental: la colle est parfois inutile (cf la collaboration Maecene Arts avec Alain VAISSIERE).
Coulée de collections de collages
L'artiste a sélectionné une poignée de cinquante collages répartis selon différents axes énonciatifs, des thématiques qu'il a répertoriées. Le cadre limité de ce carnet ne permet pas de nous arrêter sous chaque image. L'objectif est de faire apparaître un espace contextuel avec des têtes de chapitres un peu comme dans un recueil. Chaque séquence thématique est labyrinthique, composée de décharges incisives récurrentes, de jeux perceptifs ambivalents, de constellations d'espaces cryptographiques qui malmènent les principes, de sonorités proches mais mouvantes, sans cesse relancées, ramifiées. Les collages en liberté évoluent au sein de collections mallarméennes qui jamais n'aboliront le hasard.
Le contexte est à une forme de dégagement à la fois provocateur et ironique des valeurs sacrées, des paradigmes, des symboles intouchables passés en revue. L'artiste trublion nous prend à témoin, dénonce tout sans tabou ni ménagement, rien n'est oublié! C'est grinçant, violent mais drôle, pertinent, subtile, créatif, souvent poétique et spirituel ... magique!
Frédéric DROUIN présente ses collages comme des épreuves qui s'entrechoquent, des exorcismes. Il fustige à travers la fragmentation scénique, une forme de morcellement plus vaste qui instrumentalise nos sociétés.
Marie-Hélène BARREAU MONTBAZET
Vice-présidente de Maecene Arts
Docteur en histoire de l'art
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